Insécurité au Mali, Macky Sall veut-il renforcer sa sécurité frontalière avec le Mali ?
Soucieux d’anticiper des incursions terroristes venues du Sahel, le président sénégalais vient d’inaugurer un nouveau camp militaire à quelques encablures du Mali.
À chaque voisin du Mali d’Assimi Goïta son positionnement politico-diplomatique à l’égard du régime nationaliste de Bamako: estime idéologique ostentatoire de la part du Burkina Faso ou de la Guinée ; mépris plus ou moins contenu de la part du Niger ; agacement explicite de la Côte d’Ivoire, au moment où ses militaires détenus à Bamako depuis cinq mois de détention font face aux juges maliens. D’autres pays de la sous-région définissent leur diplomatie à l’aune du risque de contagion terroriste, tel le Bénin qui, s’il n’a pas de frontière commune avec le Mali, a déjà été victime d’attentats. Le GSIM implanté au Sénégal? Même épargné, jusque-là, par les attaques jihadistes, le Sénégal prend très au sérieux la menace qui plane le long de l’axe Bamako-Dakar.
Selon un rapport de l’ONU de février 2021, des éléments du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) seraient déjà << implantés au Sénégal >>. Les spécialistes des questions sécuritaires affirment que les régions de Tambacounda et de Kédougou – près du tiers de la superficie nationale, à la frontière avec le Mali – sont particulièrement vulnérables, du fait de leur enclavement, de leur manque d’infrastructures ou encore du rôle pivot des zones d’exploitation aurifère dans les trafics de drogue, de bois ou d’êtres humains. L’armée sénégalaise a donc décidé de se mobiliser pour que ces régions ne deviennent pas le terreau de groupes radicaux présents au Mali. Déjà, de petites unités du Groupe d’action rapide, de surveillance et d’intervention au Sahel (Garsi) patrouillent dans la zone. << Renforcer la coopération >>
Ce 27 décembre, Macky Sall inaugurait un nouveau camp militaire de plusieurs hectares à Goudiry, à 618 kilomètres à l’est de Dakar, au bénéfice du 4e bataillon d’infanterie. Et le chef de l’État d’évoquer « un vaste projet de modernisation progressive >> de la sécurité nationale, avec un « modelage de la cartographie sécuritaire, pour mieux répondre aux besoins des populations », le tout afin de « hisser l’outil de sécurité à la hauteur de la menace actuelle >>. Le pays de la Teranga serait-il en train de se barricader? Si l’année qui s’annonce sera moins internationale pour le dirigeant sénégalais il quittera ses fonctions de président en exercice de l’Union africaine en février -, le repli nationaliste n’est pas au programme : le nouveau dispositif sécuritaire mis en place entend << renforcer la coopération avec les pays limitrophes »>.