Les confidences du guide Libyen Mouammar Khadafi à Calixte Beyala avant sa mort.
Elle est revenue sur cette expérience unique de sa rencontre avec le Guide libyen, la Camerounaise Calixte Beyala a vécu une expérience particulière et unique avec l’ancien président et guide libyen Mouammar Kadhafi.
Elle s’est confiée dans les colonne de nos confrères de Jeune Afrique. Elle partage son expérience avec cet homme. Il est bon, pas fou comme certains le suggèrent, mais en avance sur son temps, explique-t-elle. Dangereux mégalomane pour les uns, visionnaire pour les autres, le défunt « Guide» libyen rêvait de construire les Etats-Unis d’Afrique. La romancière franco-camerounaise se souvient de cette première entrevue. «Chaque moment de cette journée est inscrite dans mon archive. C’était une belle journée de juillet 1996. Mes entrants étant en vacances, je décidai d’accepter l’invitation du« Guide» libyen, Mouammar Kadhafi, que son cabinet avait scrupuleusement renouvelée chaque semaine, pendant six longs mois. Je ne comprends pas pourquoi ce chef d’État dont le nom est associé à tant de scandales et de drames a insisté pour me voir.
La curiosité finit par avoir raison de mes réticences, et je débarquai de nuit à Tripoli, dans un pays dont j’ignorais presque tout », se souvient-elle «Dès le lendemain, un groupe d’hommes et de femmes m’ont escorté jusqu’à la présidence. Le bâtiment n’avait pas le clinquant habitue des palais africains. Par un labyrinthe de petites portes et de cours, nous avons atteint le parc du château. À notre grande surprise, des chameaux attendaient près d’une immense tente sur un terrain incroyablement vert. Des feuilles de plastique blanc ont été placées ici et là. Le colonel Mouammar Kadhafi se tenait au centre de la cour, imposant dans sa belle gandoura brune. Il m’a dit plus tard que ce Gandoura avait été réalisé par un designer sénégalais.
Je le complimentai sur sa tenue, me disant jalouse de le voir mieux habillé que moi, ce qui le fit rire aux éclats. Je n’étais pas impressionnée», raconte Beyala. «Pour dire la vérité, dès le début, il m’a traité comme une sœur, il n’y avait pas de gardes du corps et seul un interprète était présent pour notre entretien, qui comportait deux parties et a duré environ quatre heures. Kadhafi me parla d’abord de sa famille et de sa fille adoptive, tuée dans un raid américain contre sa résidence. Il m’a amené dans la partie touchée par les attaques. Il en avait conservé les ruines intactes JI m’entretint aussi de poésie arabe. Je découvris un homme brillant, pas fou comme certains te laissaient entendre, mais plutôt en avance sur son temps par rapport aux autres présidents africains, a-t-elle poursuivi. Nous avançâmes des propos comme quoi il se prenait comme le Roi d’Afrique, égocentrique et fou mais c’était pas le cas.
« Ce n’était que caricature. Pour la 2-ème partie de l’interview, il m’invita sous sa tente. Après m’avoir entretenu de son Livre vert, i me présenta la mission qu’il souhaitait me confier: veiller sur le continent!», a confi la romancière a Vous êtes jeune, moi je vieillis, et ils finiront par me tuer. Parlez, alertez. Vous en avez l’énergie. Visionnaire, Mouammar Kadhafi prédisait, cartes à l’appui. L’Occident perdra ses guerres dans les pays arabes. II s’attaquera ensuite aux pays du golfe de Guinée. J’écoutais sans vraiment comprendre, ignorant la fragilité du continent, le maillon faible. Nous avons eu de nombreuses réunions par la suite. Nous avons travaillé sur divers projets autour d’un continent unifié. Une monnaie unique, le panafricanisme, un socle commun de la pensée africaine indispensable à la construction des Etats-Unis d’Afrique… J’étais responsable de la construction de ce socle, dît Khadafi.
Je n’ai pas failli a ma mission grâce à certaines de mes actions, il y’a une prise de conscience panafricaniste sur l’ensemble du continent, qui va maintenant falloir structurer. Notre panafricanisme était un appel à tous les Afro-descendants du monde entier et à tous ceux qui reconnaissent la tropicalité de l’Afrique d’où qu’ils viennent. Rien à voir avec le panafricanisme un bien raciste ou pleurnichard qui implore la Russie de venir nous sauver », a conclu Calixte.